Cette statue est une énigme. D’aucuns prétendent que c’est une réplique d’un bronze d’Emmanuel Frémiet, d’autres que c’est une libre interprétation du cheval turc d'Antoine-Louis Barye.

La version Emmanuel Frémiet

Les personnes mettant en avant cette idée font référence à l’inventaire général du patrimoine culturel région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dossier IM83001241 rédigé en 1997. Le problème est que ce dossier ne cite pas ses sources pour affirmer que le sculpteur Emmanuel Frémiet est l’auteur de cette œuvre. Le second point qui interroge, c'est qu'Emmanuel Frémiet représente souvent, mais pas exclusivement, des statues équestres avec un cavalier. La plus célèbre étant la statue de Jeanne d'Arc à Paris.

Cheval au trot Emmanuel Frémiet

De plus si on compare le style de Frémiet avec le style du cheval du manège Godillot, il est clairement visible qu’il n’y a aucun rapport, à part le fait que c’est ... un cheval.

La version Antoine-Louis Barye

Les tenants de cette supposition ont de solides arguments. Le premier est que dans le catalogue de la société anonyme des hauts fourneaux et fonderies du Val D’Osne, dont Alexis Godillot est actionnaire, cette statue est présente. Elle est dans l’album n°2 pl 162 du catalogue, sans mention de sculpteur. Sa description est : Cheval piaffant (à la manière du cheval turc de Barye) avec les mesures suivantes : Hauteur : 1,11 m – Largeur : 1,05 x 0,45 m – Poids : 250,00 kg.

Si le fondeur d'origine, dans sa description fait référence à Barye, il semble censé de le croire. Enfin les dimensions indiquées correspondent exactement avec celle du cheval du Manège Godillot.

Extrait du catalogue Fonderie Val d'Osne

La statue est réalisé, en 1881 ainsi que les autres ornements en fonte de la façade.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont démonté la statue pour la fondre. Celle-ci étant creuse, elle est finalement remise en place.

Le cheval turc

Ce cheval fût un très grand succès dès sa création, mais le modèle a en réalité beaucoup évolué au fil du temps. Le premier Cheval turc date de 1874 et mesure 33 cm de long. Il a l’antérieur gauche levé. D’autres versions avec l’antérieur droit levé existent aussi. En comptant toutes les versions selon l’antérieur levé, ce n’est pas moins de 7 versions différentes que Barye a réalisées.

Bronze du Cheval Turc

Barye écrivait : "Le cheval doit avoir en résumé quatre choses larges : le front, le poitrail, la croupe, et les membres ; quatre longues : l’encolure, les rayons supérieurs, le ventre et les hanches ; quatre courtes : les reins, les oreilles, les paturons et la queue".

Barye était si apprécié et renommé que l’année même de sa mort, une exposition rétrospective lui était consacrée à l’École des Beaux-Arts à Paris, puis encore une autre, 15 ans plus tard (1889), dans le but de lui ériger un monument à Paris. Une autre exposition fut organisée fin 1889 aux American Art Galleries de New York, et permit enfin l’érection du monument situé près du Jardin des Plantes. Il faut dire que les collectionneurs américains aimaient particulièrement Barye : en 1873, par exemple, la Corcoran Gallery of Art à Washington commanda un exemplaire de chacun des bronzes, soit plus de 120 pièces.